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Le cuir en Alsace : un riche patrimoine

Dernière mise à jour : 22 sept. 2022


Cuir Suportlo© Tannerie Degermann

Que notre atelier de maroquinerie s’implante au cœur de l’Alsace n’est pas anodin. Nous avons la chance de pouvoir nous fournir à quelques kilomètres de notre atelier, auprès des tanneries Haas et Degermann dont le cuir est réputé dans le monde entier.


Il était temps de faire un coup de projecteur sur le cuir alsacien et son histoire !

Attention, l’article suivant est sciemment régionaliste 🥨





LE CUIR ALSACIEN : UN ÉCOSYSTÈME ORGANISÉ DEPUIS LE MOYEN-ÂGE


L’Alsace : une région propice à la fabrication du cuir


Les métiers du cuir se sont développés en Alsace, grâce à la richesse de sa terre. Cet essor a été rendu possible par trois éléments géographiques :

Le Ried alsacien
  • des forêts et leur écorce, nécessaire à la fabrication du tan (le fameux tanin)

  • de nombreux pâturages qui permettaient l’élevage d’ovins et de bovins

  • un réseau exceptionnel de rivières, essentielles pour laver les peaux.

Le secteur du cuir était particulièrement bien structuré dès le Moyen-Âge. Des patronymes alsaciens, encore portés aujourd’hui, sont les témoins de chaque corps de métier.


Les multiples métiers du cuir

Les tanneries, Encyclopédie de Diderot
  • La préparation du cuir

Le nom Gerber est ainsi tiré du métier de “tanneur”. Le métier s’étant spécialisé, il existait deux sous-catégories :

  • les Rothberger (littéralement “tanneur rouge”) tannait à avec l’écorce de chêne et de châtaignier, qui, une fois moulue est de couleur rouge.

  • Les Weissgerber (“tanneur blanc”) quant à eux, travaillaient en tant que mégissiers : ils utilisaient le “mégis” mélange d’’alun de couleur blanche et de cendre pour traiter des peaux de plus petites tailles (caprins, ovins).

Chaque ville traversée par une rivière avait son quartier des tanneurs. Il fallait en effet un point d’eau pour nettoyer les peaux. Après avoir ôté les poils, les tanneurs les plongeaient dans des cuves contenant du tanin. Les peaux y restaient plusieurs mois. Selon l’adage, un beau cuir nécessitait “du tan et du temps”. Les peaux étaient ensuite suspendues dans des greniers aérés pour sécher.


La Maison des Tanneurs à Strasbourg, sur les bords de l'Ill

Les Ledergerber - les corroyeurs - intervenaient après la phase de tannage du cuir pour l’apprêter et l’assouplir


Ouvrier Corroyeur

  • la transformation du cuir

Enfin, viennent tous les métiers spécialisés dans le façonnage du cuir :

  • les Binder, les relieurs

  • les Sattler, les selliers

  • les Riemer, les fabricants de courroie

  • les Schumacher, les cordonniers

  • les Metzger, les bottiers


Des corporations interdépendantes


Les métiers du cuir travaillent avec de nombreuses autres corporations :

  • les bouchers fournissent les peaux

  • les bûcherons revendent l’écorce du tan

  • les meuniers réduisent cette écorce en poudre ; certains moulins, les Lohmühl (moulins à tan) s’étaient d’ailleurs spécialisés dans la mouture du tan. Toutefois cette activité pouvait être une activité complémentaire à celle de la farine.


INDUSTRIALISATION DES TANNERIES ALSACIENNE AU TOURNANT DU XIXe


Le besoin d’équipement en cuir pour l’armée française s’amplifie au tournant du siècle, sous la Révolution et l’Empire. Les tanneries alsaciennes deviennent alors les premiers fournisseurs des armées. Au début du XIXe siècle, il existait 300 tanneries dans toute l’Alsace ! Une demande grandissante des Etats-Unis d’Amérique participe à l’amplification et la réorganisation de la production du cuir. Des bâtiments aérés et fonctionnels sont alors construits afin d’optimiser la production de cuir tout en améliorant les conditions de travail des ouvriers.


Carte postale d'époque avec vue générale sur l'usine de cuir Adler et Oppenheimer de Lingolsheim © Alain Marx

A la fin du XIXe siècle, l’invention de la technique du tannage au chrome remplace le tannage végétal traditionnel et permet d’augmenter considérablement le rendement. Face à la compétitivité de ces nouvelles usines et l’apparition du plastique et de nouvelles matières alternatives (le cuir synthétique est inventé en 1842 par Dupont de Nemours), les petites tanneries artisanales des centre-villes alsaciens disparaissent petit à petit. C’est la fin des tanneries traditionnelles.



LES TANNERIES HAAS ET DEGERMANN : DEUX LEADERS DANS LA FABRICATION DE CUIRS D'EXCEPTION


Historique


Les tanneries Haas et Degermann sont les dernières tanneries encore en activité aujourd’hui. Elles ont ouvert dans la première moitié du XIXe siècle, au cœur du Piémont Vosgiens au sud-ouest de Strasbourg. Ce territoire était à l’époque un véritable épicentre de tanneries. La localisation constituée de forêts, de cours d’eau et de plaines, permettaient autant l’approvisionnement en peaux qu’en tan.


Fondée en 1832 à Barr, la Tannerie Degermann emploie aujourd’hui 35 salariés. L’entreprise est célèbre pour leurs cuirs à la beauté intemporelle avec des classiques comme le veau Suportlo ou encore le fameux Baranil.

Quant aux Tanneries Haas, elles sont installées depuis 1842 au bord du même ruisseau à Eichoffen. Dans les années 1950, y est inventé un cuir épais et moelleux au toucher unique : le Novocalf®, récompensé par une médaille d’or à l’exposition universelle de Bruxelles en 1958. Le Novonappa® est une autre spécialité de l'entreprise. L’entreprise emploie aujourd’hui 110 salariés.


Les tanneries Haas en 2018 © Les Échos

Le rachat par Chanel et nouvelle infrastructure


En 2018, les Tanneries Haas sont rachetées par Chanel. L’année suivante, le groupe de luxe acquiert la tannerie Degermann. Le projet est de fusionner les deux entreprises à la fin de l’année 2024. Le nouveau site de 65 000 m² s’implantera à Mittelbergheim.


Un projet que nous avons hâte de découvrir !



LE CUIR ALSACIEN À LA REVERDIE


En tant que maroquiniers, travailler avec les cuirs alsaciens est une chance. Voici quelques-uns de nos projets réalisés avec les cuirs des Tanneries Haas et Degermann.


Produits disponibles sur la boutique en ligne avec du cuir alsacien



Réalisations en cuir alsacien de La Reverdie pour les professionnels de l'hôtellerie-restauration



 

BIBLIOGRAPHIE


Marie-Hélène DESCHAINTRE. 2002. Cuirs & Tanneurs En Alsace - Fleurs De Peau. Coprur.


Nicolas STOSKOPF. 2011. « Les tanneries alsaciennes au début du XIXe siècle (1811-1813) », Atlas historique d'Alsace, Université de Haute Alsace. Disponible en ligne : www.atlas.historique.alsace.uha.fr,


Frédéric VOEGEL, «Les tanneries de Barr». Disponible en ligne : http://histoiredevalff.fr/commune/industrie/512-tanneries-de-barr


Jean-Marie JOSEPH. 1999. “L’art de tanner et les tanneurs de Sélestat”, Annuaire des Amis de la Bibliothèque Humaniste (n°49)

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